21/09/2017

La ficiton d’Ian McIwan

Né en 1948, Ian McEwan est l’un des auteurs les plus lus et les plus primés de la littérature anglaise extrême-contemporaine. Ses romans, qui dans nombre de cas sont devenus des bestsellers mondiaux, ont reçu des critiques élogieuses, remportant plusieurs distinctions littéraires importantes, en particulier le prix Booker (1998). Ce succès critique et commercial, McEwan le doit sûrement à son approche d’écriture, une sorte de recette bien connue de plusieurs auteurs présents et passés attentifs à leur style, désireux de raconter des histoires intrigantes. Ce principe l’a guidé dès le début, quand, jeune homme, il a compris, grâce à ”Rocher de Brighton” de Graham Green, qu’”un roman sérieux pourrait en même temps être un roman passionnant”. C’est sans doute cette singularité de la fiction de McEwan qui m’a séduit moi-même. Dans cet article, je présenterai brièvement deux romans de cet auteur – ”Délire d’amour“ [Enduring Love] et ”Amsterdam” – qui m’ont rendu admirateur de sa technique d’écriture, m’ont encouragé à suivre sa carrière littéraire et à lire dans un proche avenir, ses autres ouvrages.

Publié en 1997, “Délire d’amour” raconte l’histoire de Joe Rose, un journaliste scientifique d’âge moyen, qui doit faire face à une situation peu commune. Au cours d’événements inhabituels, il rencontre un certain jeune homme, appelé Jed Parry, souffrant du syndrome de Clérambault. Ce trouble mental rare consiste à se croire l’objet d’un désir amoureux, même si les gens qui vous entourent tentent de vous persuader du contraire. Malgré les affirmations constantes de Joe, Parry est en effet intimement convaincu de la passion inconsciente du journaliste. Ce problème apparemment irréaliste et trop sophistiqué permet à McEwan de créer une histoire passionnante riche en portraits psychologiques de personnages qui ressentent ou “endurent” l’amour. L’auteur joue habilement avec “l’horizon d’attente” des lecteurs incapables, jusqu’aux dernières pages du livre, de percevoir la vérité, de deviner si les sentiments de Joe sont réels ou imaginaires.

Lauréat du prix Booker, le roman ”Amsterdam” (1998) est une histoire non moins surprenante. Elle commence par l’enterrement d’une artiste énigmatique, Molly Lane, qui a eu une existence amoureuse mouvementée. C’est l’occasion de rassembler autour de son mari ses trois grands amants : un éditeur de journal, Vernon Halliday, un compositeur, Clive Linley, et le ministre britannique des Affaires étrangères, susceptible de devenir bientôt premier ministre, Julian Garmony. L’esprit de Molly restera longtemps parmi les quatre hommes, puisqu’elle laisse certaines traces de son passé trouble. Le mari de la défunte, George, découvre ainsi des photos compromettantes de Julian Garmony actuellement en course pour la direction d’un parti ultra-conservateur. Il décide de communiquer ces documents au journaliste Vernon. Ce dernier doit décider s’il les publiera et, par la même, ruinera la réputation de Garmony, portera atteinte à sa vie de famille et mettra un terme à une carrière politique très prometteuse ou, tout simplement, s’il n’en fera rien. Afin de prendre une décision, il consulte Clive. Les trois ex-amants sont ainsi impliqués dans cette affaire. McEwan régale à nouveau ses lecteurs avec une histoire bien écrite, riche en personnages hauts en couleur et une fin inattendue. Il fonde son intrigue sur la question du choix, qui, de l’Antiquité à nos jours, a continuellement inspiré les écrivains. Quelle que soit la décision de Vernon, le résultat ne pourra effectivement pas le satisfaire : soit il ruinera l’avenir d’un homme soit il laissera son pays gouverner par les ultra-conservateurs. Un mauvais choix pourrait en outre nuire à Vernon lui-même.

Il ne me reste qu’à vous encourager à lire “Délire d’amour », “Amsterdam“ et d’autres romans d’Ian McEwan, à approfondir sa fiction et à découvrir ce remarquable écrivain contemporain anglais.

Text: Pawel Hladki