Histoire du théâtre
La comedia dell’arte
Notes par Élise Moreau et Maëva Lavaud
Qu’est ce que la comedia dell’arte ?
C’est un genre de théâtre populaire italien, apparu avec les premières troupes de comédie avec masques en 1528. Signifiant littéralement : « Théâtre interprété par des gens de l’art », autrement dit : des comédiens professionnels, le terme est, de nos jours, utilisés dans de nombreuses langues dont le français.
I°/ Origine de la comedia dell’arte.
Ce genre se développe en Italie au XVIème siècle. Il découle de la tradition latine, le pantomime, les acteurs jouent toute leur vie le même rôle. La comedia dell’arte, c’est l’art d’improviser à partir des techniques que le comédien a appris tout au long de son évolution à travers le personnage et aussi les techniques qui sont consigné dans des centonis.
Les centonis sont de petits cahiers (souvent des canevas) où sont consignées toutes les techniques des anciens comédiens. Il s’agit en quelques sortes d’une ligne directive d’improvisation. On peut y trouver de nombreuses intrigues ou histoires, des tirades ou des déclarations d’amour, des tentatives de suicide ou des fourberies de valet.
Les comédiens doivent jouer masqués, les masques ne recouvrent que le haut du visage afin de permettre de mieux distinguer le son de la voix. Avec les masques, le jeu est alors plus axé sur la gestuelle du corps et sur le langage. Chaque masque désigne un personnage particulier.
Les comédiens font partis de troupes itinérantes, ils voyagent donc de vile en ville pour divertir les gens du peuple. La troupe est souvent composée de 9 à 15 personnes et portent des noms originaux et étonnant comme « les jaloux » ou « les confiants ». De plus, c’est une création collective, tous les comédiens y improvisent avec leur personnage fixe pour rendre l’histoire intéressante, drôle et pleine de rebondissement.
II°/ Les personnages
Pantalon :
Origine : Ce personnage vient de Venise
Symbolise : Il symbolise le pouvoir et la richesse de Venise, mais aussi l’amertume de sa chute.
Profession : Il est marchand
Costume : Pantalon porte un costume d’Origine Vénitienne. Goldonie (auteur dramatique italien) le décrit ainsi : « La robe noire et le bonnet de laine sont encore en usage à Venise, et le gilet rouge et la culotte coupée en caleçon, les bas rouges et les pantoufles, représentent au naturel l’habillement des premiers habitants des lagunes adriatiques, et la barbe qui faisait la parure des hommes, dans les derniers temps ». A l’origine, il était revêtu d’un long manteau rouge, la zimara, qui devient noire, peut-être en signe de deuil quand Venise perdi le royaume de Négrepont (ou d’Eubée) en 1470.
Caractère et apparence : Pantalon est un vieillard avare, à l’aspect misérable. Shakespeare le décrit ainsi : « Les chausses bien conservées de sa jeunesse se trouvent maintenant trop larges pour sa jambe amaigrie, sa voix, jadis forte mêla, aiguisée, en fausser d’enfant, ne fait plus sifflet aigrement d’un ton grêle » Mais, il ne s’agit que d’une apparence, car en réalité il peut soudainement devenir vif et méchant, grognon et ambitieux. Il s’amourache des jeunes filles qu’il réussit à impressionner par son air solennel. Il est père de deux jeunes filles ou un fils. Il se fait toujours exploiter ou tromper pas quelqu’un son « diable de valet » Arlequin se joue souvent de lui.
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Le docteur :
Origine : Vient de Bologne
Symbolise : Le pouvoir intellectuel
Costume : Il porte une longue robe noire, comme les hommes savants de Bologne, il met des chausses noires, une robe plus courte, noire également, lui tombant sur les genoux. Il est coiffé d’une toque noire. Plus tard on le voit portant également une large fraise et un feutre extravagant.
Caractère et apparence : Il est gros, gras, et son ventre proéminent l’empêche de se pencher et le gêne à marcher. Il est tantôt l’ami, tantôt le rival de Pantalon, mais reste généralement moins important que ce dernier. Il est plus libidineux que son compère. Il ne cesse de parler, de plus dans un latin de cuisine. Derrière ses grands discours, se cache toutefois, une profonde ignorance.
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Arlequin :
Origine : Ville basse de Bergame (dont les habitants sont réputés pour leur sottise).
Profession : Valet
Symbolise : Il représente la fantaisie, le mouvement et la vie.
Costume : Il porte, un chapeau qui ne couvre pas complètement son crâne rasé. Son costume haut en couleur avait peut-être pour origine, un vêtement misérable troué, couvert par divers morceaux de tissus. Au XVIIème siècle, les loques deviennent des triangles bleus, verts et rouges, disposés symétriquement et bordés d’un galon jaune. Il porte des chaussures plates, plus légères, lui permettant d’accomplir mille pirouettes et acrobatie. Une bourse et une batte lui servant de gourdin son accrochées à sa ceinture.
Caractère et apparence : A l’origine rustre naïf et balourd, le personnage est devenu plus rusé, vif, cynique immoral, usant parfois d’un langage scatologique. Optimiste, il trouve toujours une solution à tout. Paresseux, gourmand et coureur de jupons, il sait aussi être gentil et fidèle. Il est le préféré des enfants, car, à bien des traits, il leur ressemble. Aussi, il s’apparente au chien par sa fidélité et son obéissance, au singe par son agilité et au chat par son indépendance, Arlequin aime s’amuser et faire de l’esprit.
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Brighella :
Origine : Ville haute de Bergame, où l’on se croit plus intelligents que les autres de la ville basse, comme Arlequin.
Profession : Valet
Symbolise : La ruse
Costume : Il porte un costume blanc, accompagné d’une veste et d’un pantalon large galonné sur les coutures de bandes d’étoffe vertes. Par-dessus, il porte un manteau court, la tabaro, et, il est coiffé d’une toque bordée de vert. A sa ceinture, il porte une bourse en cuir et un poignard.
Caractère et apparence : Son animal fétiche serait le chat pour son agilité. Il affiche assurance et dignité et ne laisse personne parler de lui. Il a une haute estime de sa personne. Il représente, aux dires de Goldoni : « un valet intrigant, fourbe et fripon ». Il est un serviteur malhonnête, dissimulant ses véritables intentions sous un aspect aimable. Autrement, il a des points communs avec Arlequin, il est paresseux et rusé, intéressé et amateur de la gente féminine. Il est ingénieux et combinard, travaillant toujours seul, même s’il fait parfois appel au service de son compère Arlequin. Brighella se spécialise aussi dans les mariages qu’il aime combiner, mais toujours pour soigner ses propres intérêts et berner tout son monde. A noter que son nom vient du mot italien « briga » qui signifie « querelle ».
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Pierrot :
Origine : Française.
Profession : Valet.
Symbolise : Naïveté et honnêteté.
Costume : C’est un des seuls personnages à ne pas avoir de masque. Il est vêtu de blanc comme polichinelle.
Caractère et apparence : Le Pierrot naïf, amoureux, et rêveur que nous connaissons tous, n’est apparu qu’au XIXème siècle. Dans la comedia dell’arte il se nomme tout d’abors, Pedrolino. Il apparaît comme un valet naïf mais honnête. Il est amoureux de Colombine. C’est un personnage fort, riche et drôle, bien éloigné du Pierrot lunaire que l’on connaît. C’est aussi un poltron. Son plus gros défaut est probablement la distraction, à l’origine de la plupart des quiproquos de la comedia dell’arte. Joueur, il aime faire des farces, et se déguise volontiers, notamment en femme. Il peut également pleurer, mais il fait aussi preuve de gloutonnerie apparemment sans fin ; plus il pleur plus il mange.
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Polichinelle :
Origine : Naples
Profession : Valet
Symbolise : La fourberie
Costume : Il est vêtu d’une large blouse, serrée au dessus du ventre par une grosse ceinture de cuir, à laquelle un sabre en bois et une bourse sont attachés. Son pantalon est également très large. Son cou est orné d’une large collerette molle. Il est coiffé d’une sorte de grande calotte blanche ou d’un haut bonnet sans bord.
Caractère et apparence : Son nom vient du mot italien « Pulcinella » qui signifie « petit poussin », appelé ainsi car il piaille pour attirer l’attention. On raconte que le diable l’aurait prit par le dos puis l’aurait laissé tomber, d’où sa fameuse bosse. Cette dernière rend son apparence horrible, mais aussi son ventre proéminent, son nez crochu en bec de rapace et ses sabots ; D’apparence gentille, il peut se montrer très cruel et se transformer en tueur à gages. Il est toujours armé. On se méfie toujours de lui. De plus, il est un véritable caméléon. Autant il peut jouer les stupide, autant il peut s’incarner en mettre, en magistrat, en poète, ou encore en savant ? Personnage balourd, il est bavard et ne sait garder un secret, d’où l’expression, « secret de polichinelle ».
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Colombine
Origine : Francaise (Ricciolina, elle, est italienne)
Profession : Femme de chambre.
Symbolise : Indépendance et franc-parler.
Costume : Colombine est une soubrette. Elle a deux jupons, un corsage à rayures et un tablier blanc. On la voit parfois habillée en Arlequine, du fait de son amour du valet.
Caractère et apparence : C’est une demoiselle qui ne sait garder sa langue dans a poche et a oublié d’être sotte. On la connaît aussi sous les noms de Ricciolina, Diamantine, Marinette, Violette, Caroline,… C’est une fille-mère qui a abandonné son enfant et qui est femme de chambre d’une grande dame de l’aristocratie. Dans certains cas, elle a été séduite par Arlequin puis abandonnée. Par chance, il lui arrive d’être protégée par une fée ou une marraine magicienne qui la fait marier à Arlequin. Comme ce dernier, elle est fondamentalement optimiste, bien que n’ayant plus d’illusion. Elle déborde d’énergie. Elle est piquante et indépendante. Elle sait utiliser les hommes pour parvenir à ses fins. Vis-à-vis de son maître, elle a un sacré franc-parler et reste libre d’agir à sa guise. Elle est la parfaite alliée de sa maîtresse dont elle favorise ses amours.
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La sorcière
Origine : Inconnue
Profession : Sorcière.
Symbolise : La magie.
Costume : Celui d’une sorcière.
Caractère et apparence : Elle ne donne jamais rien gratuitement, et exige toujours une contrepartie. On la consulte généralement pour qu’elle donne quelque chose, afin de provoquer la mort. Cependant la Commedia dell’arte étant une comédie et ne visant ainsi que le rire, ce n’est jamais la mort qu’elle apporte, mais seulement une apparence de mort. Car, en fin de compte, il y a toujours l’espoir d’un renversement de la situation.
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Lélio
Origine : Inconnue.
Profession : Inconnue.
Symbolise : Le jeune premier.
Costume : En raison de son rang aristocratique, le costume est somptueux, tel un habit de cour. Elle n’a pas de caractéristique particulière. Elle suit la mode de l’époque.
Caractère et apparence : Avec son amour Isabelle, il est à l’origine des amours contrariés, des conflits et des jalousie qui figurent l’aspect psychologique de la Commedia dell’arte. Toute l’action se situe autour des deux amants, qui, eux, sont au-dessus de tous, du commun des mortels, et sont touchants. Lélio a eu plusieurs noms : Florindo, Léandre, Flaminio, Ottavio,… Il est dans les nuages et va utiliser les services de ses valets et de la soubrette, tout en conservant son autorité. Car, il ne faut pas oublier que derrière son apparence sympathique et attendrissante, il deviendra un futur Monsieur Pantalon, que l’on apercevoir dans ses explosions de colère. Sa gestuelle est à la fois baroque et classique.
Isabelle
Origine : Inconnue.
Profession : Inconnue.
Symbolise : La jeune première.
Costume : En raison de son rang aristocratique, le costume est somptueux, tel un habit de cour. De même que pour Lélio.
Caractère et apparence : Avec son amour Lélio, elle est à l’origine des amours contrariés, des conflits et des jalousie qui figurent l’aspect psychologique de la Commedia dell’arte. Toute l’action se situe autour des deux amants, qui, eux, sont au-dessus de tous, du commun des mortels, et sont touchants. Elle est ravissante, gracieuse et raffinée. Elle semble vivre dans un monde à part et lorsqu’une situation devient embarrassante, elle feint un évanouissement. Elle est assez superficielle et adore les bijoux et les chapeaux. Colombine est sa confidente. Mais plus tard, avec le temps, elle deviendra aussi une Madame Pantalon.
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Le Capitaine Matamore
Origine : Espagnol, Français, Italien ou Allemand.
Profession : Capitaine dans l’Armée de son pays.
Symbolise : La guerre.
Costume : Varie en fonction de son pays d’origine. Espagnol, il est empanaché, porte une immense collerette, un large chapeau à plumes et de hautes bottes à revers, sans oublié son épée longue et relevée dangereusement. A l’origine, il était composé également de buffles, d’une longue épée et d’un casque.
Caractère et apparence : Adepte des entrées fracassantes, l’épée à la main, il part au pas de charge vers les coulisses, et en ressort tout aussitôt tremblant. A travers lui, l’on se moque des mercenaires, traînant la misère, pillant les fermes, mais incapables de se battre. Il fait penser à un coq avec une épée. Il se pavane et raconte ses haut-faits, la plupart imaginaires. Il aime à multiplier le nombre de ses ennemis par bravoure. En réalité, c’est un poltron et un faux-brave, qui tremble à la simple idée de se battre. Il tombe facilement amoureux des belles femmes, qui se servent de lui. Sa vantardise perpétuelle en fait également la victime toute désignée d’Arlequin ou de Brighella.
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Scaramouche
Origine : Inconnue.
Profession : Valet d’un petit seigneur.
Costume : Ne varie jamais : il est tout de noir vêtu.
Caractère et apparence : Il est le fils ou petit-fils de Matamore. Il se prétend prince, marquis, seigneurs de contrées aussi lointaines qu’imaginaires. En réalité c’est un valet, d’un petit seigneur. Il est capable d’accomplir de véritables exploits, comme celui de donner un souffler avec le pied, même à un âge très avancé. N’oublions pas son célèbre interprète, Tiberio Fiorilli, qui fit l’admiration de Molière quand ils partageaient le théâtre du Petit-Bourbon.
III°/Molière et les italiens
L’influence de la Commedia dell’arte sur Molière est si bien remarquable sur ses œuvres que l’on peut sans conteste affirmer que ce dramaturge français a contribué à l’histoire de ce genre. Se partageant d’abord la salle du Palais Royal en 1658, Molière et les Italiens vont longtemps se fréquenter. Molière vouera une admiration extraordinaire pour Tiberio Fiorilli, interprétant le personnage de Scaramouche.
Il va montrer sa parfaite assimilation de leur technique, de leur repertoire, et surtout, ses pièces se finissent toujours bien, et c’est l’une des caractéristiques principales des pièces italiennes. Tous les malheurs qui peuvent s’abattre sur les personnages ne sont qu’éphémères, et il vaut mieux en rire, car, tôt ou tard, un retournement de situation est toujours possible. Comme c’est le cas par exemple dans Tartuffe qui est une succession de malheurs engendrés par l’imposteur, s’acharnant sur ses bienfaiteurs et sur les jeunes amants. Tout semble compromis. Mais c’est alors que, alors qu’il s’apprêtait à faire arrêter ses bienfaiteurs, il se fait, finalement, lui-même arrêter par ordre du roi. Les jeunes amants peuvent alors réaliser leur vœu le plus cher : se marier. On retrouve ainsi les fameux valets, ou zanni, de la commedia dell’arte, mais sous d’autres noms. Ainsi, au lieu d’Arlequin, Brighella, Colombine, Rosaura, nous avons Toinette, Dorine, Maitre Jacques, Sganarelle,… Toujours confidents de jeunes amoureux, ils se chargent de faciliter leurs rencontres et leur mariage, et ils critiquent et taquinent toujours aussi vivement leurs vieux maîtres colériques. Quant aux médecins, ils sont toujours tournés en dérision… Tels Don Juan et son valet déguisés en médecin, se moquant de ces gens là, en affirmant que « ces habits leur donnaient de l’esprit ». Ou encore du Malade Imaginaire , fabuleuse parodie grotesque de toute la médecine, avec ses dialectes incompréhensibles, et ses traitements composés uniquement de lavements et de saignées.
IV°/ Carlos Goldoni
Carlos Goldoni est une personne qui marque un tournant important pour la commedia dell’arte.
Goldoni est né en 1707 à Venise. Il devient avocat. Mais, sa passion pour le théâtre va le pousser à quitter définitivement son métier en 1747, pour se faire engager comme auteur attitré au Théâtre Sant’Agelo, à Venise.
A cette époque, la commedia dell’arte règne encore en maître dans les théâtres italiens et fait figure de tradition nationale. Or, Goldoni critique avec virulence ce genre théâtral, comme l’illustre sa phrase : « Il ne se passe sur les scènes publiques que de dégradantes arlequinades, d’immondes jeux de mots, des intrigues mal venues et, de plus, malmenées, sans mœurs, sans ordres… » (A noter toutefois qu’il parle ici de la Commedia dell’arte française en pleine décadence à son arrivé en 1762 au pays de Molière).
On le surnomme, « le Molière italien ». Goldoni, restera tout d’abord fidèle à la tradition, mais va petit à petit la faire évoluer ; il fait peu à peu tomber les masques de la Commedia dell’arte en persuadant les comédiens d’apprendre par cœur le rôle de leur personnages, et d’abandonner les réponses improvisées. Il parvient à supplanter les pièces à canevas par des pièces écrites de bout en bout, de plus, il veut remplacer les culbutes (les chutes) et les artifices par la vérité de la vie, montrant des caractères, des personnages réels, avec leurs passions complexes et contradictoire.
Admirateur de Molière, il est également fasciné par la société et ses travers, comme l’illustre bien « La Trilogie de la villégiature ». Selon lui, le 18ème siècle, et le siècle de la femme, régnant incontestablement dans tous les domaines ; que ce soit des arts, de la politique et des relations sociales. Son Arlequin déclare d’ailleurs, dans « Femmine puntigliose » : « Le sexe triomphe et les hommes son réduits au rang d’esclaves enchaînés. » Ses héroïnes de caractère sont nombreuses : le nombre de ses pièces portant des noms féminins le prouve. Ses personnages incarnent le charme et la vivacité de la pièce, et aussi une nouvelle conception de la vie, par les héroïnes, qui, cette fois ne repose pas uniquement sur le mariage. Ses héroïnes annonce l’émancipation et le réveil féminin.
En 1962 Goldoni arrive en France, il y passera ses trente dernières années. Il présentera sa « réforme » du théâtre au roi Louis XV, et mourra en 1793.
Il faut comprendre que Goldoni n’a pas détruit l’image de la Commedia dell’arte, il apporte juste un nouveau théâtre en Italie, Tout comme Molière l’a fait en France.
V°/ XVIIIème : La révolution des Zanni
Au début du XVIIIème siècle, sous l’influence des évolutions politiques et sociales, les valets vont adopter une nouvelle psychologie. Ils deviennent plus arrogants, sûrs de leur valeur, voire de leur supériorité. Brighella et Arlequin, avant, se reconnaissaient certes pauvres et dépendants de leur maître. Même si cela ne les empêchait pas de les tourmenter, ils avaient admis cette situation sociale, économique et hiérarchique. Désormais, ils sont plus optimistes, et, tel Figaro, ils ont l’espoir que leur situation sociale un jour s’inversera.
Le titre « Crispin rival de son maître », de Regnard, est parfaitement évocateur de cette nouvelle psychologie. Dans la pièce de Beaumarchais, Figaro, pour épouser Suzanne, n’hésitera pas à revendiquer ses droits et réclamer les avantages de la noblesse. Les valets ne sont plus violents, mais rusés désormais. Fini les bastonnades de foire. Mais les ressorts comiques restent les mêmes : le hasard triomphant, les travestissements, les quiproquos, et les fins joyeuses.