Histoire du théâtre

Le théâtre au 18ème siècle

Notes par Yorhann AMORY et Chaïma AMRANI

Que ce soit à Paris ou en province, les nobles et bourgeois aisés apprécient le théâtre.

A Paris, ils se rendent dans l’un des quatre théâtres de la ville :

– La Comédie Française

– L’Opéra

– Le théâtre des Italiens (rappelé en 1715)

– L’Opéra Comique

De plus, les théâtres de foire et les théâtres de boulevard prolifèrent dès 1595, à St Laurent et St Germain des Prés; pièces courtes, en plein air sur des tréteaux, après de multiples interdictions, ils donneront naissance au mime et à l’Opéra comique.

En province, on trouve peu de théâtre mais pendant la Régence, ceux ci se multiplient ; on y joue les mêmes types de pièce qu’à Paris.

De 1715 à 1750, il y aura 266 créations théâtrales : un record !

La Comédie Français est le Théâtre-français, fondée en 1680, elle regroupe trois troupes, celle de Molière, celle du Marais et celle de L’hôtel de Bourgogne.

Avec le théâtre des Italiens,il y a une rupture avec des représentions plus dynamiques. Le jeu italien mobilise tout le corps de l’acteur. Diction plus naturelle. Grande cohésion: Lélio en est le directeur. L’usage ancien de l’improvisation renforce les échanges entre les acteurs.

Catherine de Médicis fera venir une troupe à Paris en 1570 (Renaissance). Les comédiens italiens seront bannis en 1697, ils sont accusés de parler trop souvent français. Ils seront rappelés par le Régent, en 1715. Ils jouent d’abord en italien et ensuite en français.

C’est dix-neuf ans après la mort de Louis XIV, qui avait chassé la troupe des Comédiens Italiens, que le Régent les rappelle ; la troupe s’installera à l’hôtel de Bourgogne. En 1762, la troupe des comédiens Italiens fusionnera avec celle de l’Opéra comique. A partir de 1773, le théâtre français attaque la troupe ce qui conduira, en 1779, à l’interdiction de représenter des pièces italiennes. Le théâtre des Italiens, dont la particularité est la présence d’une fosse d’orchestre qui conduit à un espace de jeu réduit a longtemps utilisé le masque en guise de costumes.

Piqûre de rappel : en 1545 : En Italie, premières troupes professionnelles : La comedia dell’arte. = comédie de masques. Textes improvisés à partir d’un thème, d’un canevas réglé d’avance = un scénario. Les personnages sont des types très populaires. Masques portés sur la partie supérieure du visage sauf pour les femmes et les jeunes amoureux.

La scène est rectangulaire ou trapézoïdale. La salle est éclairée durant toute la représentation par un système de chandelles jusqu’en 1784 : apparition des quinquets = lampes à huiles.les risques d’incendie sont élevés.

Les spectateurs sont debout sur le parterre, Les nobles sont présents sur la scène jusqu’en 1759. On vient pour se montrer en public. Les banquettes feront leur apparition à la Comédie-Française en 1782.

Il n’y a pas de metteur en scène, souvent le dramaturge est chef de troupe. Beaumarchais, sera le premier metteur en scène à se nommer comme tel.

Les représentations se font à 17 heures et s’achèvent vers 21h avec deux œuvres : une longue et une plus courte.

Le public,joyeux et bruyant,est constitué d’habitués et de versatiles (surtout les provinciaux et les étrangers). La « claque » impose toujours sa loi. Les décors sont pauvres et assez conventionnels.

La condition des acteurs et leur niveau de vie augmente peu à peu.

Les œuvres ne sont pas protégées et la notion de droits d’auteurs n’a pas encore été exploitée.

En 1777, Beaumarchais obtient de Louis XVI la création de la Société des Auteurs.

Beaumarchais « invente » le droit d’auteur…

Beaumarchais souhaitait défendre le droit des auteurs face à l’omnipotence des Comédiens français. Il fonde en 1777 la première société des auteurs dramatiques.

Dans l’histoire du théâtre, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais est notamment l’auteur immortel de deux comédies uniques et originales : Le Barbier de Séville (1775) et Le Mariage de Figaro (1784). Haï puis adulé des philosophes des Lumières, Beaumarchais véhicule avant l’heure une pensée « révolutionnaire » dans ses œuvres placées sous le signe d’une apparente frivolité. Mondain, fréquentant avec délice les salons de l’aristocratie, cet ancien horloger n’en est pas moins un homme d’affaire avisé, conscient de son talent et du bénéfice qu’en tirent parfois les autres. Le 3 juillet 1777, lors d’un souper auquel il convie une trentaine d’auteurs, Beaumarchais propose la fondation de la première société des auteurs dramatiques. Il vient alors de connaître avec Le Barbier de Séville un succès retentissant dont les dividendes sont pourtant loin de lui être acquis. Les Comédiens français bénéficient alors d’un monopole qui contraint chaque auteur d’une pièce en vers de leur proposer de jouer ses textes. La rétribution de l’auteur par la Comédie-Française est alors minime, sans commune mesure avec le succès d’une pièce comme Le Barbier de Séville. La lutte engagée par Beaumarchais en 1777 aboutit en 1791 à la reconnaissance légale du droit d’auteur par l’Assemblée Constituante.

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (photo) ,est né le 24 janvier 1732 à Paris,est l’une des figures emblématiques du siècle des Lumières. Introduit à la cour, habile courtisan et homme d’affaires avisé, Beaumarchais utilise

la comédie pour faire une satire radicale de la société française, condamnant notamment les privilèges de la naissance et de la fortune, et faisant l’éloge de la liberté dans ses pièces les plus célèbres,le Barbier de Séville (1775) et le Mariage de Figaro (1784).

La censure est toujours active comme en témoignent, sous Louis XVI encore, les difficultés de Beaumarchais pour son Mariage de Figaro

Elle est plus que jamais la règle, elle se fait soit :

– par le public

– par la Comédie française

– par le pouvoir en place (qui à partir de 1709,censure les pièces désormais écrites).

Le Mariage de Figaro : 1784 – comédie en 5 actes

Comme le Barbier de Séville, cette pièce reçoit un accueil chaleureux du public. Selon Beaumarchais toujours : « La plus badine des intrigues. Un grand seigneur espagnol (un héros picaresque ou picaro), amoureux d’une jeune fille qu’il veut séduire, et les efforts que cette fiancée, celui qu’elle doit épouser et la femme du seigneur, réunissent pour faire échouer dans son dessein un maître absolu, que son rang, sa fortune, sa prodigalité rendent tout-puissant pour l’accomplir. Voilà rien de plus. La pièce est sous vos yeux ». L’originalité et l’intérêt de la pièce sont ailleurs, dans la critique des abus de l’époque. L’intrigue masque les messages sociaux dans un mouvement de débauche, de gaieté et d’énergie. Figaro veut épouser Suzanne. Marceline, la vieille gouvernante de Bartholo, veut épouser Figaro qu’elle tient par la reconnaissance de dette qu’il a jadis signée. Elle n’a pas encore reconnu en lui le fils qu’elle a jadis perdu. Le comte Almaviva (l’ancien partenaire de Figaro est devenu son adversaire) prétend ravir Suzanne à Figaro. La comtesse Rosine espère bien reconquérir son époux volage. Le jeune Chérubin, amoureux de sa marraine, fait figure de rival ingénu du comte, dont il suscite la colère…

Il s’agit véritablement d’une comédie d’intrigue, mais aussi d’une comédie satirique puisque la justice est ridiculisée. La condition des femmes est évoquée : « traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes » s’exclame Marceline. Les injustes privilèges de la société féodale sont dénoncés « vous vous êtes donné la peine de naître, rien de plus » remarque à juste titre Figaro dans sa tirade à l’acte V scène 3. Beaumarchais remet donc en cause le principe de la naissance. Ainsi la rivalité entre le comte et Figaro semble un conflit historique ou politique entre un Ancien Régime moribond, s’accrochant à ses privilèges iniques, et un monde nouveau plein de jeunesse, de promesses et d’incertitudes. Le Mariage de Figaro n’est certes pas une pièce révolutionnaire, (il s’en défend d’ailleurs dans sa préface, même si cela semble aussi une manière de se protéger des censeurs) mais il justifie sans doute le mot de Beaumarchais : « qui dit auteur dit oseur ». Cette pièce a été censurée pendant 4 ans et interdite durant l’occupation allemande. Elle dénonce les abus de l’époque, les privilèges et l’ancien régime. Sa critique exposée de manière théâtrale est osée puisqu’elle est présentée directement à un public dont la réaction est immédiate.

On distingue :

– les acteurs-auteurs (comme Dancourt)

– les auteurs riches,comme François-Marie Arouet, dit Voltaire, né le 21

novembre 1694 à Paris où il est mort le 30 mai1778, est un écrivain et philosophe qui a marqué le XVIIIe siècle et qui occupe une place particulière dans la mémoire collective française. Il esquisse en effet la figure de l’intellectuel engagé au service de la vérité, de la justice et de la liberté de penser.

Figure emblématique de la France des Lumières, chef de file du parti philosophique, son nom reste attaché à son combat contre «l’infâme», nom qu’il donne au fanatisme religieux, et pour le progrès et la tolérance. Il est cependant déiste et son idéal reste celui d’une monarchie modérée et libérale, éclairée par les «philosophes». Il agit d’ailleurs auprès des élites éclairées de l’Europe des Lumières en se servant de son immense notoriété et prend, seul, la défense des victimes de l’intolérance religieuse et de l’arbitraire dans des affaires qu’il a rendues célèbres (Calas, Sirven, chevalier de La Barre, comte de Lally).

De son imposante œuvre littéraire, on lit aujourd’hui essentiellement ses écrits «philosophiques» en prose: contes et romans, Lettres philosophiques, Dictionnaire philosophique et sa correspondance (plus de 21000 lettres retrouvées). Son théâtre, ses poésies épiques, ses œuvres historiques, qui firent de lui l’un des écrivains français les plus célèbres au XVIIIe siècle, sont aujourd’hui largement négligées ou ignorées. La réputation de Voltaire tient aussi à son style marqué par l’élégance et la précision, souvent au service d’une ironie mordante.

– les auteurs qui aspirent à vivre du théâtre comme Pierre Carlet de

Chamblain de Marivaux (Paris, (baptisé le) 4 février 1688 – Paris, 12 février 1763), communément appelé Marivaux, est un écrivain français. Homme solitaire et discret, longtemps mal compris1, il fut un journaliste, un romancier, mais surtout un auteur dramatique fécond, qui, amoureux du théâtre et de la vérité, observait en spectateur lucide le monde en pleine évolution et écrivit pour les Comédiens italiens, entre 1722 et 1740, des comédies sur mesure et d’un ton nouveau, dans le langage «de la conversation». Il est, après Molière, Racine, Pierre Corneille et Musset le cinquième auteur le plus joué par la Comédie française.

Pour la comédie, trois auteurs se détachent :

– Regnard

– Dancourt

– Dufresny

Puis une nouvelle génération d’auteur fait surface :

– Destouches

– D’Orneval

– Marivaux

En 1756, la comédie devient de plus en plus moralisante;en prose; volonté d’observer les conditions et les comportement sociaux. Elles critiquent les milieux financiers. ex : Turcaret ou le financier, 1709. Chez Marivaux, étude des classes privilégiées mais surtout étude des obstacles à la naissance de l’amour : analyse des subtilités de l’amour, particulièrement sur le plan du langage, «marivaudage».

le drame bourgeois:

deuxième moitié du siècle; il naît du déclin de la tragédie classique, Rq. : succès rare de la tragédie de Voltaire ; il est lié à l’évolution de la société. texte en prose. Volonté d’imiter la nature. Les personnages sont empruntés à la vie de tous les jours et s’expriment en langage ordinaire. refus des conventions en usage dans la tragédie et la comédie. ex : Le fils naturel, Diderot et La Mère coupable, Beaumarchais.

Déclin car genre trop sérieux et pas suffisamment divertissant.

la comédie larmoyante:

genre marqué par la sensibilité et l’émotion. ex Nivelle de la Chaussée, Le Préjugé à la mode, 1735. Il montre le triomphe de la vertu.

Regnard et Lesage (1668-1747) ont eux aussi marqué la comédie de mœurs avec le Légataire universel (Regnard, 1708) et Turcaret (Lesage, 1709).

Le théâtre du XVIIIe siècle est marqué aussi par des genres nouveaux, aujourd’hui

considérés comme mineurs mais que reprendra et transformera le XIXe siècle, comme la comédie larmoyante et le drame bourgeois qui mettent en avant des situations pathétiques dans un contexte réaliste et dramatique qui touchent des familles bourgeoises. Quelques titres explicites : le Fils naturel (Diderot, 1757), le Père de famille (Diderot, 1758), le Philosophe sans le savoir (Sedaine, 1765), la Brouette du vinaigrier (Louis-Sébastien Mercier, 1775) ou encore la Mère coupable (Beaumarchais, 1792).

Mentionnons enfin le développement de genres qui associent texte et musique comme le vaudeville ( décret du roi ou l’opéra comique ainsi que des textes de réflexion sur le théâtre avec Diderot et son Paradoxe sur le comédien, les écrits de Voltaire pour défendre la condition des gens de théâtre toujours au ban de l’Église et les condamnations du théâtre pour immoralité par Rousseau.