Histoire du théâtre
Le Théatre au Moyen-Âge
Notes par Anaïs COTTARD
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
I. LE THEATRE EN FRANCE A. CRISE DU THEATRE SERIEUX FRANCAIS B. LE THEATRE RELIGIEUX ET PROFANE II. LE THEATRE EDIFIANT A. LE TROPE
B.L’ABANDON PROGRESSIF DU LATIN C. LE DRAME LITURGIQUE D. LE DRAME SEMI-LITURGIQUE DANS LE JEU D’ADAM E. LES MIRACLES ET MYSTERES III. LE THEATRE AMUSANT A. LES MORALITES B. LA SOTIE C. LA FARCE INTRODUCTION L’histoire de notre littérature nationale commence au Xe siècle. Jusqu’alors, dans une douce évolution, la population cherche son unité, la langue son équilibre et l’esprit français sa formule. Au IXe siècle, le peuple français est en quelque sorte uni grâce au puissant empereur Charlemagne. Il s’affirme d’abord de manière chevaleresque et religieuse ; la France se bat loyalement pour défendre la chrétienté contre les infidèles. Pour ce qui est de la langue, le français que l’on connaît aujourd’hui a subi et continue encore de subir des mutations. La langue que l’on parle dans les rues étroites et sinueuses des villages médiévaux n’est pas le latin de Cicéron et de César, mais celui du peuple, le latin vulgaire, qui a été simplifié et qui donne alors la langue romane. Les premiers monuments de celle-ci sont le Glossaire de Reichenau qui date du VIIe siècle et le Serment de Strasbourg prêté en 842. Pour ce qui est des premiers textes littéraires romans, retenons La Cantiléne de sainte Eulalie, Xe siècle, et la Vie de saint Alexis, au XIe siècle. Nous pourrions diviser la littérature médiévale en deux périodes : la première allant du Xe au XIIIe siècle, la seconde comprenant le XIVe et le XVe siècle. Après les rudes invasions, la France « prend conscience d’elle-même avec Charlemagne. Puis elle éclot, après avoir secoué les terreurs de l’an mille, à la vie et à l’art. » Elle devient dès lors une sorte de force tenace agissant au nom de la foi. Son essence ardente et ses passions courageuses sont très bien représentées par l’art…
I. LE THEATRE EN FRANCE
A)CRISE DU THEATRE SERIEUX FRANCAIS.
Dans les années 1620, le théâtre sérieux français traverse une crise importante sans que le public s’en rende compte. Pourquoi ?
On avait perdu le sens tragique. La tragédie à été remplacée par des drames. La “tragédie” (drame) racontait les aventures d’un roi ou d’un autre grand, le chœur déplorait la situation, mais tous s’arrangeait. Il faudra attendre Racine pour que la véritable tragédie renaisse. (® Mauvaise fin : l’homme se perd et est incapable de se racheter. La pièce s’ouvre sur un moment crucial, une décision qui va bouleverser la vie du personnage)
Influence de 2 genres venus de l’étranger : la Tragi-comédie et la Pastorale (Italie et Espagne). Ces 2 genres sont voisins mais présentent des caractéristiques différentes :
Tragi-comédie : “Tragédie” qui se termine bien (contraire au genre). Ce sont des pièces où le romanesque est important et où l’auteur prend des libertés avec les règles qui régissaient le théâtre grec ancien. L’Académie Française voudra les restaurer à partir de 1635 . L’auteur mettait en scène des accidents (actes de violences) et mélangeait les genres.
Pastorale : Mettait en scène des bergers, bergères et leurs amours dans un cadre campagnard. Il représentait en fait l’amour comme dans les salons huppés.
Ces 2 genres ont été les fleurons du baroque et faisaient appel à des trucages jusqu’à l’arrivée du classicisme. Ils ont familiarisé le public élégant avec la psychologie, l’étude des mœurs et ont ouvert la voie à la TRAGEDIE CLASSIQUE.
Si théâtre sérieux français a retrouvé de l’élan et est reparti, c’est grâce à Alexandre Hardy et à l’Académie Française.
Alexandre Hardy était le premier auteur de métier (d’abord ambulant puis seulement pour L’hôtel de Bourgogne). Il n’hésitait pas à mettre en scène des accidents. Ses pièces annonçaient la tragédie classique. Il a supprimé le chœur, donner plus de mouvement interne, des discours plus réalistes et apporte de l’importance à l’analyse psychologique. Il a écrit 600 pièces.
L’Académie Française a été crée en 1635 par le cardinal de Richelieu (®homme d’église mais aussi politicien). Il voulait faire du roi Louis XIII un roi absolu, et de la France la plus grande puissance européenne. Pour ce faire, il a mit la noblesse et les protestants (qui faisaient un état dans l’état) au pas. Ensuite il se rendit compte qu’il avait fait une unité politique mais qu’elle n’était pas assez solide. Il créa alors une unité culturelle pour la “souder” : L’Académie Française. Il ordonna aux académiciens de faire un dictionnaire, une grammaire et une poésie françaises (ainsi les Français parleraient, écriraient et penseraient en français). La poésie française comprend un ensemble de règles destinées aux acteurs :
Règle de bienséance et de vraisemblance : Ne plus mettre en scène aux rôles principaux que des grands de la terre et leurs faire tenir des discours et des attitudes adaptés à leurs statuts social (mais cela ne reflétait pas la réalité). Ne plus mettre en scène d’accidents (règle reprise aux grecs : l’action se déroule ailleurs et un messager vient la raconter). Le messager est un personnage important, contrairement au théâtre grec où il était un personnage drôle qui devait divertir le public. Le récit du messager sera appelé plus tard “le récit classique”.
Règle des 3 unités : 1) Unité d’action, 2) unité de lieu et 3) unité de temps.
Ne jouer que les actions principales. Un messager viendra raconter les actions secondaires
La pièce doit se dérouler au même endroit, dans le même décor. Plus question de décors multiples ou de tableaux différents.
L’action racontée ne pouvait excéder 24h (théâtres). Au 18e s. elle ne pourra excéder le temps de la représentation.
Ces règles ont été un bien dans la mesure où les auteurs ont prit des libertés avec elles et elles n’ont pas été armes de jaloux (descendre les adversaires). Elles ont apporté une plus grande dignité au théâtre sérieux français, elles lui ont donné une certaine portée et plus de vraisemblance. Le théâtre d’aventure va s’effacer devant le théâtre psychologique.
B.LE THEATRE RELIGIEUX ET PROFANE
Dans les cérémonies du culte Catholique des parties « dramatisées » étaient introduites. On jouait certaines scène de la bible car comme dans la Grèce Antique, le théatre à une origine religieuse, donc à partir du 10 éme siècle on représente à l’interieur des églises et en latin, de brefs drames liturgiques, dont le sujet est tiré de la bible il avait été oublié sous les Mérovingiens et les carolingiens et renait au Moyen age en s’inspirant de la vie lithurgique, alors que l’église chrétienne a vivement combattu le théatre au début du moyen âge, c’est elle paradoxalement qui le réanime sous cette forme (drame liturgique). La procession du dimanche des rameaux est désormais célébrée par des manifestations théatrales. Les contre-chants (ou repons) chantés durant la messe ou les heures du canon évoquent la forme du dialogue.
Autour de l’an 1000, les Trôpes font leur apparition, par l’intermédiaires des Tropes, des paroles non liturgique prennent placent dans la messe. Un trope pascal anonyme constituant un dialogue entre Marie et les anges et datant d’environ 925, est généralement considéré comme l’embryon du drame liturgique.
En 970, ce type de représentation comporte une gestuelle et des costumes, qui apparaissent comme une première ébauche de mise en scène.
A l’extérieur des églises, camelots, vendeurs de drogues, arracheurs de dents, acrobates, escamoteurs, montreurs de bêtes curieuses ameutent les badauds par leurs boniments emphatiques (tel le Dit de l’herberie , de Rutebeuf), comme le font de leur côté les “jongleurs”, qui sont des conteurs ambulants. Ce théâtre de la rue coule dans un moule littéraire le parler commun. Le clergé garde la haute main sur les représentations; c’est lui qui dirige le travail des nombreux corps de métiers (confrérie) qui construisent les décors et les machines. Il règle la mise en scène, l’exécution musicale, et y tient même certains rôles. Mais les éléments profanes, par le biais des intermèdes bouffons qui tiennent en haleine le menu peuple, prendront dans le spectacle une place de plus en plus importante.
II.A. LE TROPE.
C’est un ornement du chant grégorien au moyen d’additions, de substitutions ou d’interpolations de textes musicaux ou poetiques.
B.L’ABANDON PROGRESSIF DU LATIN.
Texte anonyme anglo-normand de la seconde moitié du xiie siècle (1165), le “Jeu d’Adam” est le premier drame connu en langue vulgaire. Bien que très proche du drame liturgique, il s’en distingue toutefois par une caricature des personnages.
Trilogie inspirée par le dogme de l’Incarnation (“Tentation”, “Péché”, “châtiment d’Ève et d’Adam”, “Meurtre d’Abel par Caïn”, “Procession des prophètes du Christ”), il comprend 942 vers et comporte des didascalies latines riches et précises.
D. LE DRAME SEMI LITURGIQUE DANS LE JEU D’ADAM.
Dès la fin du XIIème siècle, s’accomplit un changement radical : avec le Jeu d’Adam et Ève, la plus ancienne pièce de théâtre qui a pour objet de raconter la mésaventure de Adam au paradis, composée en français par un moine anglo-normand, la pièce se joue sur le parvis, en langue vulgaire (le drame sacré s’émancipe du latin), avec des acteurs laïcs et un décor multiple (le Paradis, Jérusalem, l’Enfer). C’est le drame semi-liturgique, qui prend le nom de miracle quand son argument provient de la Vie des Saints (le Jeu de saint Nicolas). Il et se déploie sur le parvis de l’église, au grand jour de la place publique.
E. LES MIRACLES ET MYSTERES.
De nombreux récits bibliques sont représentés, de la Création à la Crucifixion. Ces pièces sont appelées “mystères de la Passion”, “miracles” ou encore “pièces saintes”.
Des mansions spécifiques sont dressées autour de la nef, le paradis étant généralement situé au pied de l’autel, une gargouille (tête monstrueuse avec une gueule béante) représentant l’entrée de l’enfer de l’autre côté de la nef. Acteurs et spectateurs se déplaçent d’un bout à l’autre de l’église selon les nécessités du récit.
Les pièces sont divisées en épisodes, couvrant chacun des milliers d’années et réunissant des lieux très éloignés, à l’aide de raccourcis allégoriques.
À l’inverse de la tragédie grecque, qui s’organise autour de la progression vers un apogée cathartique, le théâtre médiéval évoque le salut de l’humanité et ne crée pas de tension dramatique intense.
III. LE THEATRE AMUSANT
A.LES MORALITES
Dans le même temps, on voit donc apparaître des pièces folkloriques, des farces profanes et des drames pastoraux, tandis que se perpétuent les multiples formes de divertissement populaire. Tous ces genres influent sur le développement, au xve siècle, d’un théâtre moraliste.
Bien que vaguement inspirées, pour le thème et les personnages, par la théologie chrétienne, les “moralités”, à la différence des “cycles”, ne sont plus basés sur les récits bibliques. Ce sont des pièces autonomes, jouées par des professionnels. À l’exemple d’une pièce comme “Tout le monde” (anonyme, xve siècle), elles évoquent les étapes de la destinée de l’être humain, à l’aide de figures allégoriques (la Mort, la Gourmandise et divers défauts ou qualités, etc.).
Les acteurs font alterner action et musique. Ils exploitent les ressorts comiques des démons et des figures allégoriques du vice pour créer une forme de drame populaire qui rencontre un vif succès.
B.LA SOTIES
La sotie ou sottie était une satire dramatique née du mélange de la farce et de la moralité. Ce nouveau genre fut mis en honneur par les Enfants Sans Souci, joyeuse réunion de jeunes gens dont le chef s’appelait le Prince des Sots. Ils furent autorisés par Charles VI à élever des échafauds, à Paris, sur la place des Hallespour y représenter leurs soties. La liberté de leurs attaques alla souvent jusqu’à la licence; ils ne respectèrent ni la religion, ni la politique, ni même la vie privée des personnages qu’ils mettaient en scène. II est vrai qu’ils commençaient par se jouer eux-mêmes, et se livraient les premiers à la risée de la multitude. Néanmoins l’extrême hardiesse de leurs satires, le langage irrévérencieux qu’ils se permettaient dans des allusions que tout le monde pouvait comprendre, leur firent de nombreux ennemis parmi les gens de robe, d’église et d’épée. Mais ils furent presque constamment protégés par la royauté. Charles VIII seul, dans un moment de colère, leur enleva les privilèges qu’ils tenaient de Charles VI; Louis XII les leur rendit. Ce prince supporta avec une admirable patience les railleries souvent indécentes des Enfants Sans Souci
C. LA FARCE
La farce est un genre théâtral né au Moyen Âge, qui a comme but de faire rire et qui a souvent des caractéristiques grossières. Son origine remonte à l’antiquité gréco–romaine, et on en trouve déjà des traces chez Aristophane et Plaute, et surtout dans les atellanes latines.
Lexique
Aristophane : poète comique grec du 5eme av J-C.
Plaute : auteur comique latin.
Attelanes : Comédies bouffonnes dans la Rome ancienne, comédies primitivement improvisées (ancêtres de la commedia dell’arte), appartenaient à un genre tout à fait populaire, originaire de la Campanie, d’allure grotesque et vulgaire.