13/05/2025
"Paradis" d'Abdulrazak Gurnah
Publié en 1994, Paradis d’Abdulrazak Gurnah est un roman situé en Afrique de l’Est, à la fin du XIXᵉ siècle, au moment où les puissances coloniales européennes commençaient à se partager et à s’approprier le continent. Le récit suit Yusuf, un garçon de douze ans que son père remet à un riche marchand nommé Aziz afin d’acquitter une dette. D’abord employé dans la boutique et les jardins d’Aziz, Yusuf se joint bientôt à lui pour de longues expéditions commerciales qui les conduisent loin à l’intérieur des terres africaines. Au fil du voyage, il découvre une multitude de lieux, croise des hommes et des femmes venus d’horizons très divers, et prend peu à peu la mesure de la complexité, et souvent de la dureté, du monde qui l’entoure.
Le roman brosse le portrait d’une Afrique de l’Est foisonnante, riche de cultures, de religions et de langues variées, bien avant que la domination européenne ne s’y impose complètement. Il explore également des structures de pouvoir plus anciennes, montrant comment certains Africains détenaient eux-mêmes des esclaves, et comment commerçants locaux et étrangers se disputaient marchés et influences. À bien des égards, l’ouvrage de Gurnah apparaît comme une réponse au Cœur des ténèbres de Joseph Conrad. Là où Conrad décrivait le périple d’Européens en Afrique, perçue comme obscure et inquiétante, Paradis place au premier plan les personnages africains, révélant leurs espoirs, leurs luttes et la réalité de leur quotidien.
Même si Paradise n’a pas tout à fait été une lecture à mon goût, j’ai trouvé fascinant de découvrir ce qu’était la vie des habitants de l’Afrique de l’Est à cette époque. J’ai surtout été frappé de constater que l’esclavage n’était pas uniquement le fait des Européens blancs, mais qu’il existait aussi au sein des sociétés africaines, étroitement lié à d’anciens réseaux commerciaux. En définitive, ce roman m’a offert une compréhension plus fine de l’histoire de l’Afrique et des bouleversements auxquels elle était confrontée au tournant du XXᵉ siècle. Rien que pour cela, je me réjouis de l’avoir lu.
