10/07/2025
"Our Evenings" [Nos soirées] d’Alan Hollinghurst
Our Evenings [Nos soirées] raconte l’histoire de Dave Win, un jeune homme métis issu d’un milieu modeste, qui obtient une bourse pour intégrer une prestigieuse école privée. C’est là qu’il rencontre Edward, héritier séduisant d’une famille aristocratique et fortunée. À partir de ce moment, leurs vies se croisent et s’enchevêtrent, de l’adolescence jusqu’à l’âge mûr. Même si Dave abandonne ses études à Oxford, il finit par devenir un acteur reconnu, applaudi sur scène comme au cinéma. Ses origines ethniques nourrissent son sentiment de rester à la marge, même dans les cercles gays londoniens où il évolue. Tout au long du roman, son histoire reste étroitement liée à celle d’Edward : leurs aventures, les rapports de force qui changent avec le temps, et cette relation durable, bien que déséquilibrée, donnent vie au récit et montrent comment la classe sociale, la race et la sexualité s’entrelacent au fil des décennies en Angleterre.
Dès le début, Our Evenings [Nos soirées] s’annonce comme un roman intime et ambitieux sur le désir et la mémoire. Mais arrivé à la dernière page, on se demande bien à quoi tout cela a servi. L’idée de départ est pourtant séduisante : suivre l’évolution de la vie homosexuelle sur plusieurs décennies, en montrant comment les sentiments intimes sont façonnés par les bouleversements sociaux. Mais malgré la richesse du cadre, le récit peine à produire l’émotion attendue. On y trouve de belles phrases, des ambiances soignées, des observations justes, mais l’intrigue manque d’élan. Les personnages, bien qu’élaborés, gardent une certaine froideur, et leur vie intérieure semble à peine esquissée.
Ce constat est d’autant plus amer que l’idée de départ était prometteuse. Un roman qui prétend saisir l’expérience homosexuelle sur le temps long devrait bouleverser ou, à tout le moins, faire réfléchir. Or, en refermant le livre, on reste étrangement détaché, comme si rien n’avait réellement compté. Au fond, Our Evenings [Nos soirées] laisse le goût d’une occasion ratée. La plume de Hollinghurst reste élégante, mais cette fois, le style ne suffit pas à donner du poids à une histoire qui ne nous fait jamais vraiment sentir pourquoi ces vies et ces amours devraient nous importer.